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« La loi du marché » de Stéphane BRIZE : entre respect de soi et obéissance – quel arbitrage ?


 

"La Loi du Marché" est un film français réalisé par Stéphane BRIZE en 2015 qui témoigne de façon incisive de la souffrance éthique à laquelle les salariés sont confrontés dans l’exercice de leur profession. Ce film illustre avec finesse les arbitrages individuels entre respect des valeurs humanistes et besoin de subsistance économique dans un monde où la précarité de l'emploi est une réalité omniprésente,

 

Choix, santé mentale et estime de soi

Vincent LINDON incarne magistralement le personnage principal ,Thierry. Agé de 50 ans, il est le pilier d'une famille dont l'enfant est en situation de handicap. À la suite d'un licenciement économique, il s'engage dans la recherche d'un nouvel emploi. Après une quête longue et difficile de 15 mois, il parvient à obtenir un poste de vigile dans un supermarché.

Le film explore les dilemmes éthiques et les luttes intérieures auxquels Thierry est confronté, alors qu'il s'efforce de préserver son intégrité morale. Thierry est amené à réaliser des choix impossibles entre les conséquences des actes qui lui sont demandés par l’organisation du travail et ce qu'il considère être moralement juste. Ces choix le plongent dans un profond conflit intérieur.

Cette analyse subtile met en évidence les conséquences dévastatrices d’un mode professionnel impitoyable sur la santé mentale et émotionnelle des individus, ainsi que sur leur propre estime d’eux-mêmes

 

Jusqu’où peut-on obéir ?

Thierry tente de se conformer aux missions à double facette qui lui sont prescrites. Afin de sauvegarder son emploi, Il surveille les vols à l'étalage et rapporte les pratiques de ses collègues hôtesses de caisse.

Le film souligne la précarité des clients pris en flagrant délit de vol et décrit les comportements dits répréhensibles des hôtesses de caisse, comme l'utilisation frauduleuse de points de fidélité ou la récupération de bons de réduction non utilisés.

Les conséquences économiques des actes des hôtesses de caisse, bien que mineures comparées au chiffre d'affaires de l'entreprise, entraînent des sanctions disproportionnées. Les caissières sont convoquées par la direction en présence de Thierry, qui agit en tant que dénonciateur. Elles subissent des humiliations à travers des accusations de vol et de trahison et sont licenciées. Ce traitement, violemment infligé, mène au suicide une des employées.

Thierry ne peut pas supporter le rôle qui lui est imposé de jouer. La prise de conscience de sa contribution à des actes qu'il juge inacceptables lui devient intolérable. Il quitte son poste de manière impulsive au milieu de sa journée de travail. Cette décision est certainement salvatrice pour Thierry qui se protège ainsi de la dégradation de sa propre estime de lui-même.

 

Réflexion sur la dignité humaine

À travers le parcours émotionnel de Thierry, le film appelle les spectateurs à réfléchir aux valeurs fondamentales de la dignité humaine, de la justice sociale et de la solidarité. Il met en lumière la question de l’estime de soi et du choix individuel de participer ou non à la violence du monde économique contemporain.

En effet, "La Loi du Marché" met aussi en évidence les divisions économiques et sociales qui persistent dans la société, ainsi que les conséquences déshumanisantes du capitalisme. En exposant les injustices structurelles du système économique, le film invite à une réflexion profonde sur les valeurs fondamentales de la société et sur la nécessité d'une réforme sociale et économique.

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